Spectacle "En transit" d’Amir Reza Koohestani aux Ateliers Berthier pour la classe de 2nde 2

 Spectacle En transit vu le 25 novembre 2022

Auteur et metteur en scène iranien, Amir Reza Koohestani compte à son actif plus d’une dizaine de pièces originales, comme Timeloss (2013) ainsi qu’Hearing et Summerless, présentées au Festival d’Avignon en 2016 et 2018. Il a également mis en scène des adaptations de Tchekhov, de Strindberg et de Tim Crouch. Tournant dans le monde entier, il crée régulièrement ses spectacles en Europe, notamment en Allemagne, depuis 2006.


Basé la moitié de l’année à Téhéran, il y poursuit avec succès sa critique des “maux de la société iranienne”.

Délicat et minimal, son théâtre, qui entremêle volontiers réalisme et symbolisme dans des espaces dépouillés, a l’art de dire beaucoup en peu de mots. En transit, créé en 2022 à la Comédie de Genève et présenté au Festival d’Avignon, est en tournée en Europe.



Cette pièce est librement adaptée du roman d’Anna Seghers, Transit, paru en 1944 qui racontait l’histoire de réfugiés fuyant le régime nazi au port de Marseille en 1940. Le metteur en scène iranien Amir Reza Koohestani se réapproprie l’histoire en s’inspirant de son expérience personnelle et présente En transit , dans un spectacle contemporain, une création reflétant notre époque  où se mêlent les temporalités du passé et du présent. En attente d’un visa, les personnages se confrontent à une bureaucratie qui parait inhumaine. Nous suivons trois histoires de réfugiés qui s’entrecroisent et nous montrent les plus grandes difficultés : celle de fuir et le doute permanent de l’arrivée.


https://vimeo.com/708997980

La zone de transit est ici un espace gris, nu et transparent animé par une scénographie trop sophistiquée avec des panneaux coulissants. Quatre comédiennes Mahin Sadri dans le rôle de Reza, Khazar Masoumi dans celui d’une avocate qui aide les personnes en difficulté, Danae Dario et Agathe Lecomte interprètent le texte, le plus souvent lors de face-à-face statiques. La parole circule d’un espace-temps à l’autre à l’aide de nombreux moments filmés comme un écho, une mise à distance soulignant l’absurdité d’une bureaucratie rigide qui laisse de côtés les enjeux humains. 


À l’image de ces lieux de transit, très artificiels, les relations entre les personnages paraissent désincarnées, les sentiments dilués et le spectateur a tout du même, selon nous, du mal à être touché. Même si le thème est criant d'actualité, la multiplication des plans d'intrigues, entre l'intime et l'anonymat collectif, ne permet pas , selon nous, de suivre un propos clair dans une scénographie sophistiquée et glaçante.

Lucie Dupuis 202




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