Spectacles - "Douze hommes en colère" de Reginald Rose au Théâtre Hébertot le mardi 10 décembre 2019
Dans l’Amérique des années 1950, un jeune homme issu des
quartiers modestes est condamné à mort pour meurtre, quand tous les éléments
semblent concorder pour en faire le coupable.
C’est 12 jurés qui prennent place dans une salle close pour
décider du sort du parricide. Alors que la décision semble déjà claire et le
sujet clos, un juré vote pourtant pour l’innocence du prétendu criminel,
provoquant la stupéfaction chez les autres. Il se justifie par le poids moral
qui lui pèse d’envoyer une personne à la mort alors que lui n’est pas certain
de sa culpabilité. Il rencontre la véhémente opposition de certains, alors que
d’autres jurés semblent dans un second temps touché par les déclarations du
juré n°8.
A force d’argumentation, de mise en situation, de démonstrations
et de débats plus que mouvementés, manquant parfois d’en venir aux mains, le
juré parvient à convaincre, non sans difficulté, un à un, ses homologues. Tout
d’abord isolé, l’homme prouve la supériorité de la parole sur le nombre, dans
une situation où tout jouait contre lui et son opinion, à commencer par les
avis des jurés, influencés par les stéréotypes sur le milieu social du prétendu
coupable, et du racisme d’époque de la société américaine.
J’ai beaucoup apprécié cette pièce, en premier lieu parce
qu’elle traduit assez bien la réalité historique de tension exacerbée entre les
différents milieux sociaux ; aussi parce que les comédiens étaient tous
assurément bons, et que le jeu d’acteur était très convaincant. Enfin, ayant
personnellement vu le film éponyme de Sydney Lumet, j’ai pu comparer ce que
j’avais ressenti devant l’un et l’autre, pour ainsi repérer les détails
importants qui m’avaient marqué.
De plus, le rythme de la pièce est entraînant et on se laisse
emporter dans cette enquête, ce huis-clos qui, sans déplacement ou presque,
s'avère pourtant palpitant et plein de rebondissements. Alors si cette pièce
est rejouée l'année prochaine comme annoncé, je
vous encourage vivement à découvrir ce spectacle illustrant à merveille
« les pouvoirs de la parole ».
Reportage et critique de Nestor Le Bellac
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