Spectacles - « Orlando » à l’Odéon, théâtre de l'Europe


Nous nous sommes rendus à l’Odéon théâtre de l’Europe le 20 Septembre 2019 afin d’y voir Orlando mis en scène par Katie Mitchell et interprété par une troupe allemande, la Schaubühne de Berlin.

Cette représentation est tout aussi avant-gardiste que le roman dont elle s’inspire. Pour l’histoire, Orlando est un roman de Virginia Woolf publié en 1928. À sa parution, il fit scandale à cause des tabous qu’il révèle et de sa construction alambiquée. Le personnage éponyme a la possibilité de vivre pendant trois siècles tout en conservant ses trente ans. Nous suivons le jeune lord anglais et sa rencontre avec la reine Elisabeth Ière dont il deviendra le courtisan favori ; puis sa passion avec Sasha, la fille de l'ambassadeur de Russie qui l’abandonnera ; il décide de partir en Orient où, à la suite d’un long sommeil, il se réveillera femme ; elle rejoint ensuite un groupe de tziganes qu’elle admire puisqu’ils paraissent plus libres qu’en Angleterre ; enfin, poussée par son amour de la poésie, elle retournera à Londres elle fréquente la haute société et les prostituées.



Cette histoire qui ne manque pas de rebondissements a été très bien adaptée par le biais du théâtre. Face  à nous se déroulaient trois  espaces différents  : la  scène avec les comédiens, un écran qui la surplombait ainsi qu’une sorte de cage en verre en hauteur à droite de l’écran se tenait une femme qui nous narrait l’histoire de Orlando. Cette mise en scène atypique remet en cause les codes théâtraux. En effet, Katie Mitchell intègre du cinéma, de la narration qui suit l’histoire comme une voix-off et des caméras filmant en direct ce qui se passe sur scène, prestation prodigieuse par ailleurs. Elle appelle cela le “théâtre de l’image”. La présence de ces micros et de l’écran nous tiennent à distance des comédiens comme dans une fiction en train de se faire sur scène : c’est l’invention d’une nouvelle forme d’expression.

Pour ce qui est de la pièce en elle-même, les premières scènes d’amour charnel ne peuvent que choquer le spectateur. Katie Mitchell veut nous mettre face à nos limites et à nos tabous par la profusion de corps, de désirs et de sexualité. À travers cette pièce, elle veut que le spectateur accepte la différence et la liberté du corps. Elle ne veut pas profondément choquer mais plutôt nous interroger sur la question de l’identité dans une fluidité des possibles en exposant la singularité de chacun.


La pièce est assez conséquente, presque deux heures, donc il faut « s’accrocher « sinon il y a un risque d’être complètement perdu. Quelques longueurs et des scènes paraissant inutiles néanmoins. Le spectacle est vivant, coloré et d’une grande finesse que ce soit dans les costumes ou les décors. Le spectacle est donc total ! et il ne reste plus qu’à lire le roman pour découvrir aussi le potentiel de cette œuvre si incroyable et novatrice !

Manon Moreau (Terminale Hida fac)

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